OKOK

samedi 16 octobre 2010

Gothic 4 : Arcania ! La grande déception des grands attendu !

Quel destin funeste que celui des Gothic ! Après avoir dépossédé Piranha Bytes des droits de la série, l'éditeur Jowood a confié le développement du quatrième volet à Spellbound. Sommé d'élargir le public de la série en concevant un titre multi-plates-formes à l'accessibilité accrue, ce studio allemand s'est compromis dans un Gothic 4 : Arcania qui se montre décevant de bout en bout.
Gothic 4 : Arcania
Personne n'est dupe : le quatrième Gothic nous a été livré en septembre 2009 ; c'est un jeu captivant qui s'appelle Risen. Quant à Arcania, comme d'aucuns pouvaient le craindre, il n'a de Gothic que le nom. On se doutait bien qu'il ne serait pas facile de reprendre le flambeau si solidement tenu par Piranha Bytes, mais on n'imaginait pas que Spellbound trahirait à ce point la vision de ses compatriotes allemands. Car si Arcania n'est pas une catastrophe dans l'absolu, c'est en tout cas un véritable massacre pour tous les fans de Gothic. La série a toujours reposé sur plusieurs piliers : un univers ouvert et immersif source de multiples interactions, un système de progression très roleplay et une liberté d'action et de choix ayant une incidence sur l'histoire. Rien de cela dans Arcania : ce (joli) jeu d'aventure/action peut à peine être considéré comme un RPG. Alors comme un Gothic...
Test Gothic 4 : Arcania PC - Screenshot 146Vous retrouverez vite de vieilles connaissances des opus précédents.
Tout commence pourtant bien, puisque le jeu s'inscrit dans la filiation de ses prédécesseurs en vous invitant à incarner un héros anonyme. Épris de la fille du chef du village, ce jeune berger courageux réussit à obtenir sa main en venant à bout des trois épreuves qui lui sont imposées. Mais alors que sa promise lui apprend qu'elle est enceinte, il se produit un événement tragique : la petite île idyllique sur laquelle vous vivez paisiblement est assaillie par les armées myrtaniennes du roi Rhobar III. Ce souverain belliqueux et cruel n'est autre que le personnage que vous incarniez dans Gothic 3. Désormais corrompu par le pouvoir et victime d'un mal mystérieux, il s'est fixé pour objectif de conquérir Argaan en rasant tout sur son passage. Votre village natal en fait les frais, et si vous avez la chance d'en réchapper, ce n'est pas le cas de votre dulcinée qui pousse son dernier soupir dans vos bras. Aidé par les anciens alliés de Rhobar (Diego, Gorn, Lester et Milten), vous vous lancez dans une quête vengeresse qui vous conduira à explorer les différentes régions de la province d'Argaan.
Test Gothic 4 : Arcania PC - Screenshot 147Les environnements sont somptueux... mais hélas bien trop cloisonnés.
Hélas, l'exploration en question est réduite à sa plus simple expression. Le territoire d'Argaan est composé de plusieurs régions aux paysages variés (vallées côtières, montagnes, marécages...), mais s'il peut potentiellement être parcouru d'une traite, sans aucun temps de chargement, il vous faudra souffrir d'une progression qui aligne les stratagèmes (porte fermée, pont gardé...) pour vous imposer de suivre une trame principale particulièrement dirigiste. Qui plus est, si le level design fait parfois son petit effet (vous pouvez pénétrer dans une mine au sud d'une zone pour en ressortir dans une vieille grange tout au nord), il est trop souvent constitué d'une série de chemins balisés. En sortant des sentiers battus, vous heurterez des murs invisibles ou souffrirez de bugs de collision qui vous feront comprendre la nécessité de rester dans les clous. Impossible de dévaler une falaise ou d'aller mouiller vos pieds dans l'eau d'une rivière pour contourner un pont bloqué. Cet univers cloisonné, qui restreint votre liberté de mouvement, est un véritable sacrilège pour tout fan de la série.
Test Gothic 4 : Arcania PC - Screenshot 148Le jeu manque cruellement de challenge, et c'est peu de le dire.
Le plus grave, c'est que cette progression dirigiste n'est pas justifiée par la qualité de l'histoire qui, sans être mauvaise en soi, s'appuie sur des personnages trop effleurés et des quêtes trop insipides pour présenter un quelconque intérêt. Vite expédiées, ces dernières trouvent généralement leur solution 100 mètres plus loin. Et comme vous aurez l'occasion de tomber sur quelques rares quêtes qui offrent un choix de méthode, sachez que le résultat sera identique et que votre comportement n'influera jamais sur les relations avec vos interlocuteurs. Les dialogues se révèlent d'ailleurs très décevants dans la mesure où ils consistent à épuiser les différentes répliques sans aucun choix possible. Pire : le jeu vous contraint parfois à interroger certains personnages ou à aborder certains sujets dans un ordre précis sous peine de perdre le fil des événements. De toute façon, forcé d'interroger des PNJ pour qu'ils vous révèlent la cachette de la soeur du Baron, que vous avez déjà repérée depuis une demi-heure, vous réaliserez vite qu'Arcania est un jeu d'aventure, pas un RPG.
Test Gothic 4 : Arcania PC - Screenshot 149Le système d'évolution est d'un minimalisme particulièrement irritant.
Cette impression se confirme au vu du développement simpliste et linéaire de votre personnage. Marque de fabrique de la série, la relation étroite entre le système de factions et l'évolution de votre avatar n'est plus au programme. Gothic 4 mise sur une feuille de perso minimaliste à tendance hack'n slash (et encore, c'est une insulte au genre). Huit compétences martiales et magiques peuvent êtres améliorées avec les points obtenus au fil des niveaux, sachant qu'il est possible de débloquer de nouvelles capacités à certains paliers donnés. La progression de votre avatar est donc réduite à sa plus simple expression. A côté de ça, vous acquerrez automatiquement certaines aptitudes au fil de l'aventure, comme le crochetage qui donne lieu à un mini-jeu ridicule. Quant à l'artisanat, s'il est toujours basé sur l'apprentissage de recettes et la collecte de matériaux, il prend une forme farfelue puisqu'il est désormais possible de le pratiquer au beau milieu de la cambrousse, sans aucun établi ou feu de camp à proximité. Un exemple supplémentaire de la simplification des mécaniques de jeu.
Test Gothic 4 : Arcania PC - Screenshot 150L'IA des monstres est tout sauf convaincante. On est loin de Risen.
Si les combats se montrent légèrement plus convaincants que ceux de Gothic 3, en vous invitant à alterner enchaînements et mouvements d'esquive, ils restent bien moins techniques et exigeants que ceux de Risen. La faute à quelques errements de game design, comme cette jauge de vitalité qui remonte pendant que vous vous battez, ou encore l'impossibilité de vous déplacer bouclier levé, qui rend ce dernier peu utile et pousse à privilégier les armes à deux mains et les postures offensives. Autre élément à charge : l'IA de vos opposants, dont la réactivité fait peine à voir. Le bestiaire peu varié, qui n'inclut pas assez de créatures inédites, se montre d'ailleurs assez prévisible. Résultat : vos adversaires tombent trop vite, même au niveau de difficulté maximum (abusivement nommé "Gothic"), et comme vous êtes rarement submergé, le challenge est aux abonnés absents. Pour peu que vous vous équipiez convenablement, tout est trop facile ; les consommables et l'or inutilisés s'accumulent dans votre sac à dos. Vous pouvez même dépouiller les PNJ sans réaction de leur part.
Test Gothic 4 : Arcania PC - Screenshot 151Les personnages sont réussis. Dommage qu'ils soient clonés à l'excès.
Que reste-t-il à Gothic 4 : Arcania ? Sa réalisation graphique, indéniablement. Particulièrement joli, le jeu propose des modèles 3D fins et bien animés - même si on peut lui reprocher le clonage abusif de certains PNJ - et des textures d'une qualité inégalée dans le genre (l'écorce des arbres est criante de réalisme). Les paramètres vidéo ne proposant pas d'option d'antialiasing (Spellbound lui a préféré le HDR plus propice au développement multisupport), il vous faudra toutefois jouer dans de hautes résolutions, ce qui n'est pas donné à toutes les configurations. Vous pourrez alors admirer dans de bonnes conditions les environnements très travaillés, qui changent au gré des conditions météo : le vent agite les feuillages et courbe les troncs, la pluie ruissèle sur les chemins pierreux et trempe progressivement vos vêtements, etc. Le jeu bénéficie aussi d'un cycle jour/nuit, qui se montre un peu moins convaincant : autant les jeux d'ombre et de lumière sont magnifiques quand le soleil se lève ou se couche, autant l'éclairage se montre trop uniforme en plein jour et en pleine nuit.
Test Gothic 4 : Arcania PC - Screenshot 152Mention spéciale aux textures d'écorce, criantes de réalisme !
Qui plus est, le rendu visuel est entaché d'une pelletée de bugs graphiques qui gâchent passablement la donne et qui, pour le coup, inscrivent Arcania en digne représentant de la série des Gothic. Ces nombreux problèmes techniques touchent aussi bien aux cut-scenes qu'aux textures, aux ombrages et à la gestion des collisions. Comment s'immerger dans un jeu où les torchent continuent d'éclairer une fois éteintes et où les personnages perdent leurs cheveux durant les dialogues, restent bloqués quand ils dégainent leur arme et s'enfoncent dans le sol jusqu'aux chevilles ? Même si ces bugs, qu'on espère voir corrigés au fil des mises à jour, n'empêchent pas de jouer, ils témoignent d'un manque de finition qui colle bien mal avec la volonté de proposer un jeu accessible au grand public. Pour ne rien arranger, l'aspect sonore est insatisfaisant : les doublages français sont surjoués et les bruitages complètement ratés. Bref, si Gothic 4 se laisse jouer, avec tout ce que l'expression sous-entend de péjoratif, l'espace de la vingtaine d'heures qu'il propose, cela reste une terrible déception

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire